24 Janvier 2018
Les compagnons couvreurs
Publié le 24 Janvier 2018 @ 07:00:00 , contient 1555 mots
Le texte suivant est un article sur les compagnons couvreurs que j'ai publié dans le n° 3 (septembre-octobre 2003) de la revue Nos Ancêtres, vie & métiers. J'ai simplement profité du transfert de cet article sur le blog, cette fois in-extenso, pour en enrichir un peu l'illustration. La version de l'introduction historique de l'article était déjà disponible sur le « Côté site » de ce blog, ainsi que sur le site de la Cayenne itinérante.
Alors que l’art de la couverture possède des racines très anciennes, ce n’est pourtant qu’en 1703 que naissent les compagnons couvreurs du Devoir, en même temps que les compagnons plâtriers – du moins si l’on en croit le tableau de préséance adopté par les sociétés dites « du Devoir » en 1807.
Il est cependant assez probable que le métier de couvreur était déjà organisé en compagnonnage bien avant cette date. Le début du XVIIIe siècle correspond en fait à une période où consécutivement aux poursuites dont certains compagnonnages firent l’objet durant la seconde partie du XVIIe siècle (Résolution de la Sorbonne, 1655), ceux-ci cherchèrent si ce n’est à s’unifier en une seule organisation, du moins à tisser entre eux des liens plus étroits au travers un modèle de type familial, les liens généalogiques, réels ou supposés, recouvrant une forme de hiérarchie. Le développement actuel des recherches historiques montre aussi que face aux suspicions religieuses – nous sommes à l’heure de la Contre-Réforme et de la Révocation de l’Édit de Nantes –, nombre de sociétés compagnonniques semblent alors avoir misé sur une affirmation très forte de leur catholicité, quitte à devoir modifier leurs légendes et leurs rites, les références à Salomon comme fondateur pouvant faire songer qu’ils subissaient l’influence protestante.
Le Père Soubise
Le Père Soubise et Maître Jacques devant le massif de la Sainte-Baume. Lithographie compagnonnique de Bourguet, Forézien Bon Désir, compagnon tisserand-ferrandinier du Devoir, vers 1900.
Détail révélateur, les compagnons couvreurs appartiennent en effet, comme les plâtriers, à la famille des « enfants du Père Soubise », leurs « pères » de 1703 étant les compagnons charpentiers « bondrilles ». Ces derniers étaient jusqu’alors les seuls enfants de ce fondateur plus ou moins mythique, la grande majorité des compagnonnages se rattachant à Maître Jacques, quelques autres à Salomon. Les légendes compagnonniques sont contradictoires quant à la personnalité « historique » de Soubise : tantôt il apparaît comme étant un collègue de Maître Jacques, tailleur de pierre ayant œuvré dans l’Antiquité sur le chantier du temple de Salomon ou sur le chantier médiéval des tours de la cathédrale d’Orléans (plus de deux millénaires d’écart, ce qui n’est guère gênant pour les légendes !), tantôt il apparaît sous la figure d’un moine bénédictin qui, au cours du XIIe siècle, aurait transmis aux Compagnons les bases fondamentales du « Trait » (la géométrie descriptive). Mais si l’on en croît les rites initiatiques que pratiquaient les compagnons charpentiers jusqu’au début du XXe siècle, il semble bien que si Soubise était effectivement un religieux, c’était plutôt et avant tout un confesseur de type « père fouettard » ! Vu sous cet angle, le portrait composite qu’en offrent les légendes trahit donc bel et bien l’influence capitale de la Contre-Réforme. La figure de Maître Jacques appelle les mêmes remarques tant elle emprunte aux divers saints Jacques de l’hagiographie chrétienne – et tout particulièrement à l’auteur de l’Épître.
18 Janvier 2018
Les couleurs fleuries des compagnons tailleurs de pierre
Publié le 18 Janvier 2018 @ 10:58:00 , contient 3022 mots
Je republie ici, "côté blog", un de mes articles dont l'essentiel a déjà été publié dans diverses revues — Compagnons & Maîtres d’œuvre (journal de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment), n° 268 (3e trimestre 1998), p. 3-6 ; Compagnon du Devoir (journal de l’Association ouvrière des Compagnons du Devoir), n° 64 (mars 1999), p. 3-7; Renaissance Traditionnelle (revue d'études maçonniques et symboliques), n° 113 (janvier 1998), p. 46-54 — puis repris et complété dans mon livre Le serpent compatissant.
Tailleur de pierre - Vitrail de saint Thomas - Cathédrale de Bourges
« Si les Compagnons « du Tour de France » sont souvent présentés par les médias comme étant les descendants en droite ligne des bâtisseurs de cathédrales, il n'en existait jusqu'à présent aucune preuve formelle et même, il faut bien le dire, aucun indice véritablement substantiel. Cependant, cette revendication filiale vis-à-vis des bâtisseurs de cathédrales reposait implicitement sur un raisonnement tout à fait logique : celui de la transmission du métier (dans sa dimension la plus accomplie) de génération en génération, de père à fils, de maître à apprenti. Il s'agissait donc en réalité d'une hypothèse destinée, entre autres objectifs, à combler un total vide documentaire en ce qui concerne l'histoire des compagnonnages français avant le milieu du XVIe siècle.
De par sa généralité, cette hypothèse possède nécessairement une part de vérité. Le métier lui-même offre effectivement un support obligé de continuité et il est bien évident que les bâtisseurs de cathédrales ne sont pas sans avoir eu une descendance, tant charnelle que technologique. Mais l'on ne peut s'en tenir à ce point de vue, beaucoup trop vague, pour prétendre isoler une généalogie porteuse d'explications quant à la difficile question des origines des compagnonnages. En fait, faute de découvertes documentaires parfaitement explicites, le seul moyen d'établir de manière hypothétique, mais intellectuellement légitime, un lien entre compagnons et bâtisseurs de cathédrales, c'est d'étudier attentivement le patrimoine culturel des uns et des autres et d'essayer d'y discerner des similitudes qui ne sauraient s'expliquer seulement par l'identité des métiers pratiqués ou par des banalités.
1 Janvier 2018
Vœux 2018
Publié le 1 Janvier 2018 @ 12:00:00 , contient 0 mots
23 Novembre 2017
Mon intervention au colloque Tutorat et inter professionnalité au CHU de Bordeaux le 21 novembre
Publié le 23 Novembre 2017 @ 12:15:00 , contient 80 mots
J'intervenais le 21 novembre dans un colloque organisé par l'Institut des Métiers de la Santé au CHU de Bordeaux. Évidemment sur le thème de l'histoire des compagnonnages, le concept de compagnonnage étant de plus en plus présent dans la formation des métiers de santé au travers la pratique du tutorat. Durant le débat qui a suivi, le dessinateur de presse Philippe Tastet illustrait en direct, sous l'angle humoristique, les discussions…Voici l'un de ses dessins (en cliquant dessus, vous verrez les autres).
24 Octobre 2017
Avis de recherche à propos d'une bannière de boulangers
Publié le 24 Octobre 2017 @ 10:38:00 , contient 24 mots
Un des lecteurs du blog saurait-il où se trouve cette bannière de boulangers ? Et serait-il possible d'en avoir une meilleure photographie ?
Me contacter : information@compagnonnage.info
12 Octobre 2017
Brève : conférence Aux sources de la pierre cubique à pointe, samedi 14 octobre à Lyon
Publié le 12 Octobre 2017 @ 20:23:00 , contient 133 mots
Dans le cadre du Salon Lyonnais du Livre Maçonnique, qui se déroule le samedi 14 octobre au Centre culturel et de la vie associative, 234 cours Émile Zola à Villeurbanne, je donnerai à 10:30 une conférence intitulée « Aux sources de la pierre cubique à pointe ».
La pierre cubique dite à pointe est un symbole propre à la tradition maçonnique française qui résulte d'une confusion entre, d'une part, un fondement opératif bien connu des maçons opératifs britanniques comme des compagnons tailleurs de pierre français, et, d'autre part, plusieurs éléments relatifs à la géométrie et à la théorie de la perspective, bien connus des savants, des architectes et des artistes de toute l'Europe humaniste des XVIe et XVIIe siècles.
Décapage des idées reçues assuré ! C'est ouvert gratuitement à tous, même aux francs-maçons ;-)
Programme du Salon Lyonnais du Livre Maçonnique.
20 Septembre 2017
Parution : Les interférences entre spéculatifs et opératifs français aux XVIIIe et XIXe siècles
Publié le 20 Septembre 2017 @ 07:00:00 , contient 342 mots
Le 14e volume des publications de la Société française d'études et de recherches sur l'Écossisme (SFERE) est intégralement consacré au séminaire qu'à sa demande j'avais donné à Paris le 26 novembre 2016 sur « Les interférences entre spéculatifs et opératifs français aux XVIIIe et XIXe siècles ».
Il comporte 76 pages richement illustrées, l'iconographie étant par excellence une source documentaire ô combien importante.
Extrait du préambule :
« On a souvent réduit la question du rapport entre opératif et spéculatif à la question des origines des premières loges spéculatives, question qui reste au demeurant sujette à débats. Mais, quoi qu’il en soit sur le fond des racines opératives de la franc-maçonnerie britannique, c’est un peu négliger le fait que lorsque la tradition maçonnique s’implantera en France au début du XVIIIe siècle, elle y rencontrera rapidement des organisations initiatiques de métier installées là depuis longtemps. Il s’agit non seulement des compagnonnages urbains, au premier rang desquels ceux de tailleurs de pierre, bien plus « spéculatifs » que ce que l’on imagine, mais aussi, quoi que l’on puisse considérer que ce n’en est qu’une forme particulière, les fraternités forestières de fendeurs et de charbonniers — dont on sait la fortune qu’elles connaîtront dans leur adaptation maçonnique.
Au travers de quelques cas de figure documentés et variés, s’échelonnant du XVIIIe au XIXe siècle, nous analyserons les regards croisés que se portèrent opératifs et spéculatifs et quelques-unes des interférences qui se produisirent au niveau des rituels et des symboles, concernant également, quelquefois, la sphère de l’Écossisme […] »
Ce volume est disponible en ligne en cliquant sur le bouton ci-dessous. Son prix est de 15 € + un forfait de 5 € pour frais d'envoi postal.
SOMMAIRE DÉTAILLÉ :
14 Septembre 2017
Journées du Patrimoine au Musée des Compagnons du Tour de France à Avignon
Publié le 14 Septembre 2017 @ 17:57:00 , contient 127 mots
Profitez des Journées européennes du Patrimoine pour découvrir le Musée des Compagnons du Tour de France !
Situé 37 rue du Four de la Terre à Avignon, dans l'Hôtel de Montaigu datant du XVIIe siècle (classé MH), le Musée des Compagnons du Tour de France n'est actuellement accessible qu'à de rares occasions, telles les Journées du Patrimoine ou la Nuit des Musées.
Vous pourrez y admirer les travaux, maquettes et chefs-d'œuvre réalisés par ces jeunes artisans qui réalisent un Tour de France afin de parfaire leur savoir professionnel et aussi leur savoir-être en communauté. Vous pourrez par la même occasion rencontrer quelques-uns d'entre-eux et partager un peu de la passion qui les anime. Et qui sait, peut-être faire découvrir à vos enfants et petits-enfants une voie professionnelle digne d'intérêt ?
8 Septembre 2017
Encore une pseudo canne de compagnon en vente sur eBay ! « Savoyard Ami de la route » !
Publié le 8 Septembre 2017 @ 10:05:00 , contient 28 mots
8 Septembre 2017
Découvrir la chapelle des Pénitents Gris de Villeneuve-lès-Avignon
Publié le 8 Septembre 2017 @ 06:59:00 , contient 189 mots
Dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, l'association "Les amis de la chapelle baroque des Pénitents Gris de Villeneuve-lès-Avignon" vous invite à découvrir ce monument méconnu du patrimoine architectural local. La construction de la chapelle attribuée au savoir-faire du célèbre architecte et compagnon tailleur de pierre avignonnais Jean-Baptiste Franque, né à Villeneuve en 1683, a été commencée en 1738 et achevée en 1758.
PROGRAMME
Durant tout le week-end :
• Exposition "Stéréotomique ! Les compagnons tailleurs de pierre" : une vingtaine de panneaux de médiation sur les savoirs et traditions des compagnons tailleurs de pierre.
• Projection de la vidéo-conférence prononcée en mai 2015 à la Bibliothèque nationale de France par J.-M. Mathonière sur les savoirs et emblèmes du savoir chez les compagnons tailleurs de pierre à la fin de l'Ancien Régime.
16 septembre
10:00-12:00 : rencontre avec Ivan Bofigeau, membre de l'Association de Compagnons Passants tailleurs de pierre.
14:00 : diaporama "Le baroque religieux méditerranéen" par Paul Carbon. Dédidace de son livre.
18:30 : Concert de guitare par Bruno Henriey (entrée gratuite).
17 septembre
10:00 : rencontre avec la conservatrice-restauratrice Danièle Amoroso Waldeis pour la présentation du tableau de Sainte Marguerite et sa restauration.
14:00-18:00 : animation musicale par l'école de musique de Villeneuve et Yves Marie Bruel.