1 Avril 2017
Selon un document exceptionnel, George Sand aurait bien été l'amante d'Agricol Perdiguier
Publié le 1 Avril 2017 @ 00:00:00 , contient 884 mots
Rebondissement spectaculaire dans l'affaire des nombreux amants de George Sand, la célèbre romancière : d'après les expertises menées par le laboratoire OuLiPo (UMR345) du Centre national de littérature potentielle, sous la direction du
professeur Henry Jones, une lettre de la « bonne dame de Nohant » que l'on croyait depuis la fin du XIXe siècle adressée à Alfred de Musset, est en réalité un courrier érotique attestant, sans aucun doute possible, de sa liaison torride avec Agricol Perdiguier, un modeste compagnon menuisier d'origine avignonnaise dont elle s'était entichée en 1839 et que, grâce à ses amis républicains, elle réussit à faire élire député en 1848 et 1849.
Le point de départ de cette découverte renversante est une question soulevée il y a déjà fort longtemps par divers spécialistes des questions sandiennes, qui suspectaient que cette lettre rendue publique peu après la mort de George Sand était un canular : pourquoi ne connaissait-on pas le document original, mais seulement une transcription livrée en pâture au Canard Enchaîné ? Pour mémoire, voici cette transcription :
Cher ami,
Je suis toute émue de vous dire que j'ai
bien compris l'autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir ainsi
vous dévoiler, sans artifice, mon âme
toute nue, daignez me faire visite,
nous causerons et en amis franchement
je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l'affection
la plus profonde, comme la plus étroite
amitié, en un mot : la meilleure épouse
dont vous puissiez rêver. Puisque votre
âme est libre, pensez que l'abandon ou je
vis est bien long, bien dur et souvent bien
insupportable. Mon chagrin est trop
gros. Accourrez bien vite et venez me le
faire oublier. À vous je veux me sou-
mettre entièrement.
Votre poupée
2 Mars 2017
Une photographie de compagnons de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis (Cognac ou Angoulême ?) vers 1890.
Publié le 2 Mars 2017 @ 16:07:00 , contient 624 mots
Cette photographie récemment entrée dans les collections du Centre d’étude des compagnonnages représente un groupe de compagnons de l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis de Cognac ou d’Angoulême (d’après une indication, postérieure, portée au dos du cliché), vers 1890.
La plupart des compagnons présents portent la couleur de l’Union Compagnonnique, où l’équerre et le compas encadrent les lettres UC entrelacées.
Deux ou trois compagnons portent la couleur de la Fédération Compagnonnique de tous les Devoirs Réunis (FCDTLDR), fondée en 1874 et dont naîtra l’Union Compagnonnique des Devoirs Unis en 1889. Ce sont les n° 9 et 14, avec certitude, et probablement aussi le n° 6 — dont, du fait des reflets sur sa couleur, le dessin du blason est impossible à cerner précisément. On remarquera que deux de ces compagnons, les n° 6 et 14, portent leur couleur par-dessus les couleurs de Sainte-Baume de leur société compagnonnique d’origine, conformément à un usage largement attesté à cette époque.
Au dernier rang, le compagnon n° 19, qui est manifestement le plus âgé de tous, porte seulement les couleurs de Sainte-Baume de sa société d’origine.
Le compagnon n° 4 porte une couleur en écharpe qu’il est difficile d’identifier avec certitude.
Le compagnon n° 5 porte en étole une paire de couleurs fleuries des compagnons Étrangers tailleurs de pierre.
Enfin, le plus surprenant est probablement l’enfant portant le n° 2, en bas au centre. Il porte une petite couleur étroite du côté droit, qui évoque une couleur d’aspirant. Il semble tout au plus âgé de 10 ans. S’agit-il d’un fils de compagnon qui aurait été « adopté » par la section, comme il existe dans le monde maçonnique des « louveteaux » ?
La bannière que porte le compagnon n° 21 est illisible et il semble au demeurant que ce soit du choix du photographe qui, lors du tirage, aura masqué ses inscriptions. On doit faire l’hypothèse que c’était dans l’intention de faire un montage ou une retouche photographique afin d’y indiquer le nouvel intitulé de la société, en l’occurrence « Union Compagnonnique, section de [nom de la ville] » en lieu et place, assez probablement, de « Fédération Compagnonnique, section de [nom de la ville] ». De fait, il est assez probable que cette photographie date de très peu de temps après la création de l’Union Compagnonnique et qu’elle est antérieure à 1900.
Devant le président debout au centre du cliché et portant une canne enrubannée, on voit une maquette figurant une sorte de temple sous forme d’un portique avec deux colonnes portant les lettres J et B (symbole emprunté à la franc-maçonnerie) et dont le fronton triangulaire surmonté d’une sorte de coupole porte en son centre une étoile en forme de sceau de Salomon, frappée en son centre d’un médaillon illisible. On distingue aussi un phylactère entre le fronton et le semblant de coupole évoquant la forme d’une ruche et il est probable, de par ces formes, qu’il s’agit d’une allusion au blason de la FCDTLDR qui comporte précisément semblables phylactère et ruche. À l’intérieur de ce portique, on aperçoit les gradins menant à un autel dont il est malheureusement impossible de discerner ce qu’il porte (peut-être une petite ruche ?). Le tout est posé sur un socle portatif semblant comporter trois arches (deux seulement sont parfaitement visibles), tel le pont avec les lettres LDP (Liberté de Passage) emprunté au symbolisme maçonnique et figurant dans certains compagnonnages, notamment chez les compagnons charpentiers du Devoir de Liberté. On aperçoit au demeurant deux lettres sur ce pont, mais le manque de netteté de la photographie interdit de spéculer davantage sur ce point. Notons aussi que, au demeurant, ce socle n’est pas sans évoquer celui portant la ruche, le compas et l’équerre sur le blason de la FCDTLDR, tel qu’il figure sur la couleur.
Question rituelle : l’un de nos visiteurs ou correspondants pourrait-il localiser et dater avec certitude cette photographie et nous apporter des informations complémentaires ?
27 Février 2017
Remerciements
Publié le 27 Février 2017 @ 17:48:00 , contient 194 mots
Un grand merci encore au public venu extrêmement nombreux à ma conférence de vendredi dernier à Morières-lès-Avignon sur "Agricol Perdiguier, Compagnon du Tour de France et Représentant du Peuple". Grâce à la forte mobilisation de France Bleu Vaucluse et de la Loge Perdiguier, l'Ami du Peuple (GLDF), et aussi, même s'ils étaient peu nombreux ce soir-là pour cause de réunion, des compagnons de la Fédération compagnonnique des métiers du Bâtiment — sans compter tous les compagnons de l'Union Compagnonnique —, la salle de conférence a bien failli être trop petite !
Un remerciement tout spécial à l'Association ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France qui avait remarquablement organisé cette manifestation, au demeurant née à son initiative. J'ai été particulièrement sensible à la chaleur de l'accueil et à la qualité des échanges durant le partage fraternel du pain et du vin qui a suivi. Les dizaines de jeunes itinérants présents, venus de tous les sièges et maisons de la région, ont également témoigné, par leur participation très remarquée au débat, du formidable vent de liberté régnant aujourd'hui à l'AOCDTF. Ça vaut vraiment la peine de se mobiliser gracieusement !
La diapositive-titre du nouveau diaporama. © Jean-Michel Mathonière 2017.
9 Février 2017
Conférence sur Agricol Perdiguier à Morières-lès-Avignon le 24 février
Publié le 9 Février 2017 @ 09:14:00 , contient 50 mots
À l'initiative et avec la participation des Compagnons du Devoir et du Tour de France de Morières, j'aurai le plaisir de donner le vendredi 24 février dans son village natal une conférence sur Agricol Perdiguier (1805-1875), Compagnon du Tour de France et Représentant du Peuple.
Vendredi 24 février 2017 à 20:30
Espace Robert Dion
84310 Morières-lès-Avignon
Entrée libre
16 Janvier 2017
Le Compagnonnage illustré, par Agricol Perdiguier (1858)
Publié le 16 Janvier 2017 @ 12:40:00 , contient 128 mots
En 1858, Agricol Perdiguier édite une série de 4 lithographies intitulée Le Compagnonnage illustré, montrant les costumes et attributs des compagnons du Tour de France. Chaque planche comporte la représentation de dix compagnons (cinq en haut, cinq en bas) portant canne et couleurs et vêtus à la mode du temps, sauf quelques-uns qui portent des costumes plus anciens. La plupart des dessins ont probablement été réalisés à partir de modèles photographiques et certains représentent des compagnons ayant réellement existé (par exemple le blancher-chamoiseur est Piron, Vendôme la Clé des cœurs, célèbre chansonnier). C'est un témoignage de première importance sur un aspect important mais somme tout mal connu du monde compagnonnique, celui des attributs, déjà beaucoup plus uniformisé qu'il ne l'était au tout début du XIXe siècle, mais encore très varié.
1 Janvier 2017
Vœux 2017
Publié le 1 Janvier 2017 @ 00:00:00 , contient 0 mots
20 Décembre 2016
Vol de la canne du Compagnon Passant charpentier Saint-Gaudens Va de bon cœur en Argentine
Publié le 20 Décembre 2016 @ 11:21:00 , contient 74 mots
Le Docteur Mario R. Sanguina, garant d'amitié de la Grande Loge d'Argentine auprès de la Grande Loge de France, nous informe que la canne de compagnon du tour de France léguée par un ancien compagnon, franc-maçon émigré en Argentine, à la Grande Loge d'Argentine a disparu des archives du siège de Buenos Aires de cette obédience. Il s'agit d'une canne de Compagnon Bondrille charpentier, Saint-Gaudens Va de bon cœur. Merci de faire circuler l'information.
13 Décembre 2016
La rainette et le président
Publié le 13 Décembre 2016 @ 06:00:00 , contient 357 mots
Pour une fois, ce n'est pas une canne de compagnon, vraie, bidouillée ou fausse, qui a retenu mon attention sur eBay : c'est une rainette baille-voie de charpentier, portant d'une part l'emblème des compagnons charpentiers du Devoir, et d'autre part un nom de compagnon, L'Amgoumois (pour l'Angoumois) l'Ami des Arts.
Cliché "amélioré" à partir d'une des photos mises en ligne sur eBay par le vendeur. DR.
L'objet est authentique et date à mon avis des années 1840-1860. Mais le vendeur, un professionnel sincère je pense (et qui a d'ailleurs une belle offre d'objets d'arts populaires), reste buté sur une affirmation quelque peu hâtive à mon sens : il s'agirait là selon lui d'un outil qui aurait appartenu à l'arrière-grand-père de François Hollande, Victor PATRICE, qui était compagnon tonnelier du Devoir sous ce même nom de Réception (en 1886) : Angoumois l'Ami des Arts (vous pouvez consulter sa fiche biographique, assez riche, dans la rubrique généalogique du site internet du Musée du Compagnonnage de Tours). Le vendeur a évidemment consulté un expert, lequel ne semble pas s'être étonné de voir un compagnon tonnelier, enfant de Maître Jacques, employer un outil de charpentier avec l'emblème (compas, équerre, besaiguë et UVGT) des enfants du Père Soubise dessus et y faire graver son nom compagnonnique !
Par parenthèse, on sait que des fabricants de cet outil les fournissaient déjà gravés de l'emblème, avec quelques variantes. Ceux que j'ai eu l'occasion de voir étaient toutefois plus "neutres" et ne portaient pas les quatre lettres des Soubises.
Cliché recadré à partir d'une des photos mises en ligne sur eBay par le vendeur. DR.
Rappelons ici qu'il existe beaucoup d'homonymes dans les noms compagnonniques et que, de fait, l'Angoumois l'Ami des Arts pourrait tout aussi bien être un nom de Bondrille… Ce serait tout de même beaucoup plus logique que de voir un tonnelier s'emparer d'un outil fétiche du charpentier, dont il n'aurait que faire, pour y graver son nom d'enfant de Maître Jacques à côté de l'emblème des Bondrilles !
Mais il est vrai qu'à 1200 euros la mise à prix (reste à voir si deux enchérisseurs au moins se disputeront l'objet), il est évidemment préférable d'attribuer à l'objet une origine prestigieuse !
12 Décembre 2016
Le bal des Compagnons charpentiers de Paris en 1866
Publié le 12 Décembre 2016 @ 06:00:00 , contient 249 mots
Le retard de rendez-vous à Paris d'il y a quelques jours m’a également permis de dénicher, outre la gravure représentant le bal de la Mère des Compagnons Étrangers tailleurs de pierre de Paris en 1861 (voir mon article du 2 décembre), une gravure représentant le bal donné par les Compagnons charpentiers de Paris le 19 mars 1866.
Cette illustration provient de l'hebdomadaire Le Journal illustré, n° 113 du 8 avril au 15 avril 1866. Le dessin est de René de Moraine, la gravure d'Auguste Trichon et le texte, bref, qui parle de cette fête est signé de F. de Marney. J'en donne ci-après la reproduction :
« La Closerie des Lilas a eu ces jours-ci fête de jour et de nuit. Les compagnons charpentiers, après avoir fait bénir par l'Église leur jour de fête, se sont rendus en cohorte au jardin Bullier. Le Temple de Salomon, le chef-d'œuvre, ainsi qu'ils le nomment, a été déposé en face d'un nombreux orchestre, et à la promenade de jour a succédé le bal de nuit, où les braves travailleurs et leurs honnêtes familles ont remplacé pour cette fois les jeunes étudiants et leurs folles compagnes, hôtes habituels de la Closerie des Lilas. »
Le jardin Bullier, ouvert en 1847 par François Bullier (1796-1869), était situé au 31 de l'avenue de l'Observatoire (Paris 5e). Il devint par la suite le bal Bullier.
La représentation que le dessinateur fait des couleurs de ces compagnons charpentiers, portées ici au chapeau, laisse à penser qu'il s'agit des Compagnons Passants (les "Bondrilles"), et non des Compagnons du Devoir de Liberté (les "Indiens").
8 Décembre 2016
[Coup de gueule] Un gloubi-boulga compagnonnique
Publié le 8 Décembre 2016 @ 22:43:00 , contient 1457 mots
Le problème récurrent des articles consacrés au compagnonnage par la presse, qu’elle soit locale ou nationale, c’est qu’ils comportent quasiment toujours des erreurs. Ainsi notamment du mélange permanent entre les intitulés des trois principaux mouvements compagnonniques, faisant plus ou moins de tous, à la sortie, des « Compagnons du Devoir » — ce qui grosso modo revient, si on transpose à la vie politique, à systématiquement réduire et confondre tous les républicains avec le parti « Les Républicains » ! (Et, en compagnonnage comme en politique, cela fait toujours à la sortie les affaires du « riche ».) Ou encore, sur le plan des traditions et de l’histoire, des références permanentes au Moyen Âge et aux « bâtisseurs de cathédrales », qui ne reposent finalement que sur des hypothèses et des approximations ou sur des légendes et autres fantasmes romantiques.
Aux difficultés bien compréhensibles que rencontrent les journalistes à capter en peu de temps la complexité du monde compagnonnique et à établir son histoire, s’ajoutent toutefois deux autres obstacles majeurs qu’il serait possible avec un peu d’attention d’éviter ou de minimiser : côté presse, la volonté du rédacteur de rendre l’article plus vendeur vis-à-vis de son lectorat principal en forçant quelque peu tel ou tel trait jugé plus attractif, par exemple le côté « tradition (française) » ; côté personne interviewée, sa connaissance réelle du sujet, sa sensibilité propre, sa représentativité réelle, etc.
Un article de Louis Heidsieck mis en ligne le 7 décembre 2016 sur LeFigaro.fr Étudiant, intitulé « Les Compagnons du devoir : à l’école des métiers millénaires », vient une nouvelle fois illustrer cette problématique.