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Sommaire des biographies de Compagnons
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François Blanc en grande tenue de Compagnon Étranger tailleur de pierre.
Photographie datant de vers 1840 (?).
À noter les couleurs fleuries disposées autour du cou, à la différence des Compagnons Passants qui les portaient autour du chapeau.

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La page signalétique du livret d'ouvrier de François Blanc.

Consulter le texte intégral des lois et ordonnances relatives au livret d'ouvrier, telles qu'elles sont imprimées dans celui de François Blanc.

Ci-dessous, la curieuse façade du 117 de l'avenue Jean-Jaurès à Rives (Isère).
Cliquer sur chacun des 3 niveaux/chapitres pour visionner des vues en gros plan et l'analyse des détails

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François Blanc (1795-1874)
Compagnon Étranger tailleur de pierre

Introduction

Cette notice illustre l'intérêt et l'importance des informations que peuvent apporter les chercheurs en généalogie aux recherches compagnonniques.

Son point de départ a été la découverte d'une remarquable photographie sur le site de histoire-genealogie.com. Datant de vers 1840, elle représente un Compagnon Étranger tailleur de pierre, François Blanc, arborant fièrement sa canne et ses « couleurs fleuries » autour du cou (attribut compagnonnique en forme de rubans ornés de fleurs > voir article à ce sujet).

Ce type de photographie reste, à l'heure actuelle, un document exceptionnel au regard de la pauvreté des sources documentaires concernant les Compagnons Étrangers, un rite très mal connu.

Contact ayant été pris par l'intermédiaire de histoire-genalogie.com avec le propriétaire de cette photographie, celui-ci, Hervé Darbon, arrière-arrière-petit-fils de François Blanc, a pu fournir d'intéressantes informations et documents complémentaires. Un premier voyage à Rives (Isère), où résidait François Blanc, a permis de mieux préciser certains aspects, et d'autres recherches permettront ultérieurement d'enrichir encore cette notice.

Pour toute information complémentaire d'ordre compagnonnique ou historique,
merci de me contacter.

Pour toute information d'ordre généalogique sur François Blanc,
prière de contacter directement Hervé Darbon : herve@afmb.cnrs-mrs.fr


François Blanc est né à Saint-Quentin (Isère) en 1795. Ses ascendants comptaient déjà dans leurs rangs des tailleurs de pierre.

Il accomplit son tour de France de Compagnon tailleur de pierre dans la société des Compagnons Étrangers, de 1814-1815 environ à 1821.

Son livret d'ouvrier, qui a été conservé dans les archives familiales, couvre la période allant du 9 novembre 1816 au 31 mai 1821. Il semble qu'il s'agisse en fait d'un livret de remplacement qui ne couvre que la seconde moitié de son périple professionnel, probablement commencé un ou deux ans plus tôt. Le livret est en effet délivré sous le numéro 48333 à Paris et non dans sa région natale de l'Isère et il comporte, au titre des documents fournis pour servir à son établissement, la mention « passe rendue » (la législation du travail à cette époque imposait à l'ouvrier itinérant la possession d'un livret en règle, faute de quoi il était considéré comme vagabond > voir la reproduction intégrale des textes réglementaires imprimés dans le livret). François Blanc a alors 21 ans.

L'adresse indiquée sur le livret, le 28 de la rue Saint-Séverin à Paris, correspond peut-être à celle qu'occupait alors le siège de la société des Compagnons Étrangers. Dans tous les cas, les ouvriers de passage occupaient alors des garnis dans des immeubles formant de véritables quartiers spécialisés par professions, par régions d'origine et, éventuellement, par sociétés ou rites compagnonniques. Ainsi, l'analyse des cartes de sûreté délivrées sous la Terreur à Paris met en évidence qu'au moins 25 % des tailleurs de pierre habitent alors dans la seule rue de la Vannerie – dans seulement quatre immeubles de cette rue, dont deux mitoyens – et qu'au moins 50 % d'entre ceux-ci sont originaires du Calvados (les Creusois viennent en seconde position).

La partie « certificats et visas » de son livret mentionne les employeurs suivants :

– Deutsch, entrepreneur à Paris, certifie le 22 février 1820 que « le porteur du présent livret à travaillé pour moi, l'espace de trois ans, en qualité de tailleur de pierre ».

– Boiton, appareilleur, certifie le 8 juillet 1820 que « le porteur du présent livret a travaillé pour Mr Grimbert, entrepreneur de bâtiment, jusqu'à ce jour en qualité de tailleur de pierre et qu'il s'i est bien conduit. »

– Le livret est visé « vu pour Bordeaux » à Paris le 10 juillet 1820.

– Bosredon (?) fils, appareilleur en chef des travaux de maçonnerie du pont de Bordeaux, vise le livret le 31 mai 1821 : « Je […] certifie que le nommé Blanc Fçois tailleur de pierre à travaillé pendt dix mois aux chantier du dit pont & que pendt ce tems il s'est toujours conduit de manière à mériter l'estime & l'amitié de ses chefs en foi de quoi je lui ai délivré le present Certificat. »

À son retour de Bordeaux, il s'installe à Rives (Isère). Le 22 août 1822, il se marie avec Antoinette Henriette Brellier, native de Rives.


En 1850, il s'installe au 29 de la rue de la République à Rives. En 1862, à lâge de 67 ans, il participe au 117 de l'avenue Jean-Jaurès – immeuble construit pour son fils Eugène, lui-même tailleur de pierre et entrepreneur, probablement Compagnon Étranger également (étude à venir) – à la réalisation d'un ensemble sculpté remarquable. La porte d'entrée est en effet le support d'une ornementation s'étendant sur les trois niveaux de la façade, où se remarquent divers thèmes, notamment ceux des Compagnons Étrangers tailleurs de pierre. Nous vous invitons à en découvrir une analyse détaillée, en cliquant sur les différentes zones de l'image d'ensemble ci-contre. N.-B. : la partie compagnonnique est celle se situant juste au-dessus de la porte d'entrée.


L'on conserve également de François Blanc une pierre sculptée qui est la partie sommitale d'une pierre tombale destinée à un Compagnon Étranger tailleur de pierre. L'équerre et le compas entrecroisés y sont en effet encadrés par les lettres C et E (abréviation de Compagnon Étranger). Au dos figurent des fleurs, thème qui pourrait être banal s'il ne s'agissait là d'un symbole cher aux Compagnons tailleurs de pierre. Aux quatre angles, des têtes évoquent probablement les Quatre Saints Couronnés, patrons des tailleurs de pierre dans de nombreuses régions, dont la Savoie toute proche.
Il est possible qu'il s'agisse en fait d'une partie de la stèle funéraire de François Blanc, décédé le 17 mars 1874 à Rives, récupérée au gré des modifications du tombeau familial et des reprises de concessions (le cimetière de Rives ne possède pas la tombe de François Blanc).

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© Photographie Hervé Darbon. Tous droits réservés.

Voir gros plan face avant de la pierre (compas et équerre)

Voir gros plan face arrière de la pierre (fleurs)


Sur les Compagnons Étrangers, consulter également :

Le règlement des Compagnons Étrangers, vers 1860.

Un aspect méconnu de la Maçonnerie “opérative” en France.

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